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Je suis seule au monde.

Le monde des gens, les autres, les sujets :
Là, je communique, je m’engage, je joue, je me déploie pour exister.

Le monde, l’espace, la terre :
L’espace est réceptacle de ma solitude.

L’espace organisé : le paysage rayé tel que la ville, le jardin à la française, la perspective, la piste d’envol, le parking du supermarché.
Autant de lignes à suivre, de codes, de murs à contourner, d’espace privé, de solitude cloisonnée dans un monde de liens sociopolitiques et familiaux.

L’espace libre : paysage lisse, le désert de sable, l’océan , l’errance, la puissance de la nature, les quatre éléments, la faune, la flore, l’horizon, l’émotion est sollicitée.
Le regard embrasse l’immensité.
La rétine absorbe les variations colorées, les lignes de fuites.
Les sens sont ouverts.
L’imaginaire travaille à construire le besoin de découvrir.
Le regard se pose sur l’arbre, la souche, le caillou, la fourmi, l’oiseau.
L’appui est pris.
Le piton est solide. 
On peut aller plus loin.
Le cheminement pourra durer une éternité.
Le temps est suspendu.
Même si le point de vue ne change pas, la terre tourne.
Le mouvement du soleil, la découpe des ombres travaillent à la transformation universelle.
On retrouve un état originel, un monde édénique et l’on peut ressentir notre intégrité. 

La peinture en miroir : pourquoi peindre cette émotion ?
Comment toucher la justesse de cette expérience avec une seule expression ?
Quittons l’universel et revenons à soi.
La source principale de ma jouissance vient de ma rétine, l’émotion colorée, le contraste, la matière, le jeu des formes, le rythme, le cheminement dans l’image, la reconnaissance de mon paysage intérieur.
Alors je suis touchée, j’émets un jugement de goût; c’est beau.
Je me l’incorpore.
Je me bagarre pour le retranscrire.
Je le ponds.
Regarde, ça c’est moi.
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